dimanche 26 juin 2011

LAFI BALA 2011

Chambéry : Importante rencontre entre acteurs de la coopération France - Burkina Faso

Du 24 au 25 juin, lors du festival de culture burkinabé « Lafi bala » de Chambéry, un important forum des coopérations décentralisées françaises engagées avec le Burkina Faso a été organisé. La Région Limousin*, la Ville de Limoges ainsi que plusieurs communes du Limousin impliquées dans le partenariat Limousin Oubritenga telles que Guéret ou Ussel étaient partie prenante de cette manifestation. Au cœur des problématiques soulevées, il y avait l’interrogation concernant l’intérêt d’une collectivité territoriale à coopérer avec une collectivité du Burkina notamment dans ce contexte de crise. Les discussions se sont particulièrement concentrées sur les notions de réciprocité et d’intérêt mutuel à coopérer. Toussaint Abel Coulibaly, Ministre en charge des collectivités territoriales, a fait un point de la situation qui prévaut au Burkina Faso lors d’une conférence dédiée à cette question. Il s’est évertué à rassurer les partenaires qui souhaitent continuer à s’investir au Burkina Faso.

La première matinée d’ouverture de ce forum a vraiment été l’occasion d’un échange très argumenté posant la coopération décentralisée comme un axe dont les collectivités doivent s’emparer pour trouver des réponses face à un monde de plus en plus complexe. Antoine Joly, représentant le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, a notamment précisé que les collectivités locales n’étaient plus assujetties à la nécessité de justifier de l’intérêt local des actions de coopération. Ainsi les collectivités locales depuis 2007 ont toute liberté dans ce domaine pour agir. Antoine Joly a expliqué qu’au delà des éléments de passion ou de solidarité, il y avait des éléments raisonnables qui justifient d’entreprendre des actions de coopération pour encourager l’ouverture culturelle des territoires, qu’il y a plus encore la nécessité de faire le lien entre l’avenir du monde et l’avenir que l’on veut se donner sur le plan local.

Parmi les divers avis qui se sont exprimés, le Maire de Limonest de la banlieue lyonnaise, Max Vincent a parlé du "devoir" des citoyens de partager les richesses mondiales et qu’il y a lieu de travailler sur la culture à partager, la connaissance de l’autre pour éviter le repli sur soi. Jean Bernard Damiens Vice-Président de la Région Limousin et Président du groupe Burkina-Faso au sein de Cité Unies France a insisté sur le fait de bien relier les actions qui sont entreprises et les problèmes qui se posent dans toute leur globalité. Il faut voir comment ce que l’on fait sur un territoire peut avoir aussi des incidences sur d’autres territoires notamment en matière climatique. Il s’est félicité que la coopération décentralisée évolue, qu’il est important de se donner de nouveaux cadres de concertation afin d’équilibrer le dialogue entre les différents acteurs. Michel Roux de la ville de Chambéry a insisté sur le fait que les partenaires du sud doivent trouver une parole plus forte, qu’il faut arriver à un équilibre de débats et de négociations. Dans les coopérations où il n’y a pas de passé colonial, l’équilibre est plus facile. Plusieurs intervenants ont aussi pointé l’importance qu’une collectivité s’implique à l’internationale comme une occasion pour les personnels et les élus de se former à d’autres pratiques, de s’habituer à être confrontés à des situations nouvelles et à d’autres façons de gérer des crises.

Mamadou Sembene, Directeur de la Maison de la Coopération Décentralisée à Ouagadougou, a souligné l’importance de la coopération décentralisée dans la décentralisation. Ainsi par ce biais elle est porteuse d’une vraie solidarité. Elle est aussi un facteur de paix. Mamadou Sembene a précisé que la France pourrait également s’inspirer de la décentralisation telle qu’elle est pratiquée au Burkina Faso et qu’il y a beaucoup de choses à apprendre dans cette expérience. Il faut profiter de la décentralisation pour construire une coalition mondiale pour porter ces idées nouvelles de coopération.

Mobiliser la population en France sur la solidarité internationale

La question de la mobilisation des citoyens au nord n’a pas été oubliée avec la présence lors de cette rencontre de plusieurs réseaux travaillant sur la mobilisation des acteurs de la solidarité internationale et la sensibilisation à la citoyenneté à l’internationale tels que RESACOOP ou Centraider, CERCOOP (Plateforme régionales d’acteurs en Rhône Alpes, Centre et Franche Comté), Pays de Savoie Solidaire ou la Maison des Droits de l’Homme (effectuant un travail similaire en Savoie et en Limousin). Un atelier s’est déroulé le vendredi après-midi regroupant ces différentes structures et bien d’autres acteurs pour échanger sur la diversité des pratiques qui se sont développées pour accompagner les acteurs de la coopération, créer des synergies locales et favoriser les ouvertures à l’internationale.

Un point a été fait sur la situation de crise au Burkina Faso

A Chambéry, le Président Blaise Compaoré s’est fait représenté par Toussaint Abel Coulibaly, Ministre délégué en charge des collectivités territoriales. Dans une conférence, il a livré un certain nombre d’explications sur les divers incidents qui se sont déroulés au Burkina Faso depuis quelques mois. Il a précisé que les différentes rebellions de militaires étaient essentiellement le fait de jeunes soldats engagés en 2008 et 2009. Il a précisé ensuite que la situation est redevenue normale et qu’il ne fallait plus s’inquiéter. La répression mise en œuvre à Bobo Dioulasso contre les mutins à, selon lui, marqué un coup d’arrêt aux mutineries et un premier pas dans la normalisation de la situation.

Sur certains autres aspects de la crise au Burkina Faso, il a justifié le changement de gouvernement comme une nécessité pour le Président Blaise Compaoré qui avait été mal renseigné sur des doléances que portent certaines catégories de la population. Il a exprimé sa préoccupation sur l’image qui a été donnée à l’étranger de la situation et la tendance des médias français comme RFI ou France 24 à présenter une interprétation de certains actes de violences.

Pour répondre à une question sur le faible score de la participation aux dernières élections présidentielles et les différents mouvements sociaux qui ont pu se manifester, Toussaint Abel Coulibaly a précisé qu’un cadre de concertation politique était en train de se mettre en place. Pour réfléchir à des réformes politiques, il a indiqué que ce cadre impliquerait la participation de représentants de la majorité, de l’opposition et les chefs coutumiers. Pour l’occasion, certains articles de la constitution pourraient être révisés et une consultation serait lancée dans toutes les régions impliquant un positionnement des populations avant l’organisation d’assises nationales.

*Un car a été organisé au départ de Limoges afin de permettre la participation des représentants du Conseil Régional, des communes impliquées dans le partenariat, la délégation des partenaires venus de la Région du Plateau Central au Burkina Faso et des acteurs de la société civile des deux régions.